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J’envisageai ma situation sous toutes ses faces. Que faire ? À la maison, demain et après-demain, ce serait toujours la même chose ; toujours casser des cailloux agenouillé dans le jardin, et déjà ce métier m’avait fait venir des cals aux genoux. D’autre part, j’étais constamment en butte aux sarcasmes de tous les domestiques qui trouvaient fort plaisant que pour une queue de chat ce scélérat d’Allemand m’eût condamné à convertir en gravier toute une montagne de pierres. « Et encore tu es le sauveur des maîtres, me disaient-ils railleusement, c’est à toi qu’ils doivent la vie. » Bref, j’en avais assez et songeant que, si je ne me pendais pas, il faudrait revenir à une pareille existence, je consentis, non sans larmes, à me faire brigand.