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— Eh bien ! se peut-il, mon garçon, que tu sois vivant ? me demanda-t-il.

— Sans doute, je suis vivant, répondis-je.

— Et te rappelles-tu ce qui t’est arrivé ?

Je recueillis mes souvenirs et racontai comme quoi, nos chevaux s’étant emportés, j’avais sauté sur l’extrémité du timon et m’étais trouvé suspendu au-dessus du précipice ; mais ce qui s’était passé ensuite, je l’ignorais.

— Il n’est pas étonnant que tu l’ignores, reprit en souriant le moujik. — Ce précipice a été fatal à tes chevaux de volée ; ils sont allés s’y briser en mille morceaux, et toi c’est vraiment une puissance invisible qui t’a sauvé : dans ta chute, tu as rencontré un bloc d’argile sur lequel tu as roulé jusqu’en bas comme dans un traîneau. On t’a cru mort, mais nous avons remarqué que tu respirais encore ; seulement, tu étais sans connaissance. Eh bien ! maintenant, lève-toi, si tu le peux, et va au plus vite retrouver ton maître : le comte a laissé de l’argent pour, si tu mourais,