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encore deux bougies. Je les ramasse et, tandis que je suis en train de les replacer, il en tombe quatre. « Allons, pensé-je en hochant la tête, ce sont encore assurément les petits coquins qui me jouent ce tour-là !… » Je me baisse pour ramasser au plus vite les bougies tombées, mais en me redressant je heurte avec ma nuque le candélabre et de nouvelles bougies roulent sur le sol. Cette fois, je me fâche : « Eh bien ! fais-je à part moi, s’ils poussent l’effronterie jusque-là, j’aime mieux tout culbuter moi-même ; » et d’un mouvement brusque je jette par terre toutes les bougies restées en place.

— Quelles furent pour vous les suites de cet incident ?

— On voulut à ce propos me mettre en jugement, mais l’ascète Sisoï prit ma défense. C’est un vieux religieux presque aveugle qui habite chez nous dans une hutte de terre. « Pourquoi, dit-il, le jugeriez-vous puisque ce sont les serviteurs de Satan qui l’ont troublé ? » Le père igoumène se rendit à son avis,