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on me donna le sobriquet de Golovan. Je passai ma première enfance à l’écurie, au milieu des chevaux ; j’appris ainsi à les connaître et, je puis le dire, à les aimer. Quand je marchais encore à quatre pattes, je me fourrais souvent dans leurs jambes et jamais ils ne me firent aucun mal.

Chez nous le haras et l’écurie constituaient deux domaines absolument distincts ; nous autres, gens d’écurie, nous n’avions rien à démêler avec le haras et nous nous bornions à dresser les élèves que nous en recevions. Un cocher et un postillon avaient à s’occuper de six chevaux, tous de races différentes, les uns kalmoucks, les autres originaires de Viatka, de Kazan, du Don, etc. Je parle ici des chevaux venus du dehors, achetés dans les foires ; ceux provenant de notre haras étaient, naturellement, beaucoup plus nombreux, mais ce n’est pas la peine d’en parler, car les chevaux de haras sont des animaux fort tranquilles ; ils n’ont ni énergie de caractère, ni saillies de gaieté, tandis que ces