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transversale et soupire. Je murmure une prière, mais je n’en suis pas plus avancé : le visiteur reste toujours là. Je fais le signe de la croix : il ne bouge pas et continue à soupirer. « Eh bien ! lui dis-je, qu’est-ce que tu me veux ? Il ne m’est pas permis de prier pour toi, attendu que tu es Juif, et, quand même tu ne le serais pas, je ne puis prier pour les suicidés. Laisse-moi donc, va-t’en dans le bois ou dans le désert. » Je prononçai ensuite la formule des exorcismes, il s’en alla et je me rendormis. Mais, la nuit suivante, le drôle reparaît, toujours soupirant… il m’empêche de dormir et s’obstine à rester là. C’était à perdre patience ! « Coquin, pensai-je, il n’y a donc pas assez de place pour toi dans le bois ou sur le parvis de l’église, que tu reviens encore te fourrer ici dans mon écurie ? Allons, décidément, il faut que je trouve un bon moyen de me débarrasser de toi ! » Le lendemain, je pris un morceau de charbon, je traçai une grande croix sur la porte et, quand arriva la nuit, je me couchai tranquillement, persuadé