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barrassaient dans cette queue, et avec mes cornes j’accrochais tout ce qui se trouvait au-dessus de ma tête ; en outre, je n’étais plus dans la fleur de l’âge, mes membres avaient déjà perdu la vigueur et l’élasticité de la jeunesse ; et puis mon rôle me condamnait à être battu pendant toute la durée de la représentation. Cela m’ennuyait au plus haut degré. Sans doute les bâtons en usage au théâtre n’ont que l’apparence de véritables bâtons. Ce sont des gaines de toile bourrées d’étoupe à l’intérieur, mais n’importe, il est fort ennuyeux de recevoir continuellement cela sur le dos. Ajoutez que certains de mes camarades n’y allaient pas de main morte : soit pour se réchauffer, soit par manière de plaisanterie, ils tapaient ferme et ne laissaient pas de me faire mal. Sous ce rapport, j’avais surtout à me plaindre des employés du Sénat. Ces gens-là forment au théâtre une coterie très exclusive, ils se soutiennent tous entre eux ; par contre, si quelque militaire vient à faire partie de la troupe, ils s’appliquent à lui rendre la vie