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Vers le soir, il reparut ; il était encore fâché.

— Faisons une promenade en calèche ! dit-il.

Après quoi, il se montra caressant, me baisa la tête, si bien que moi, sans défiance, je consentis à l’accompagner. Nous montâmes tous deux en voiture. Notre promenade nous conduisit fort loin, deux fois nous changeâmes de chevaux, mais où allions-nous ? c’est en vain qu’à maintes reprises je le demandai au prince. Nous arrivâmes dans un endroit boisé, marécageux, d’un aspect triste et sauvage ; l’équipage s’arrêta en plein bois devant une sorte de rucher précédant une habitation où nous fûmes reçus par trois jeunes filles en jupes garance, trois solides gaillardes qui paraissaient appartenir à la classe des paysans propriétaires. En m’adressant la parole, elles m’appelaient « barinia » ; dès que j’eus mis pied à terre, elles me prirent par-dessous les bras et m’emportèrent dans une chambre déjà toute en ordre comme si on m’avait attendue.