— Je vis, dit-elle.
— Allons, Dieu soit loué !
— Mais c’est la mort que je suis venue chercher ici.
— Qu’est-ce que tu dis, Grounuchka ? Que Dieu t’assiste ! Pourquoi parler de mourir ? Nous allons vivre d’une vie heureuse : je travaillerai pour toi ; tu habiteras chez moi, pauvre délaissée, tu y occuperas une chambre particulière et tu seras pour moi une sœur tendrement aimée.
— Non, Ivan Sévérianitch, répondit Grouchka, — non, mon cher, mon bon ami ; reçois l’éternel salut de l’orpheline à qui tu adresses ces bonnes paroles, mais la tsigane ulcérée ne peut plus vivre, car elle est dans le cas de faire périr une âme innocente.
— De qui parles-tu donc ? lui demandai-je, — quelle est cette âme dont tu as pitié ?
— Je parle d’elle, de la jeune femme du scélérat, car elle, c’est une jeune âme qui n’est coupable de rien, mais, malgré cela, mon