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Le prince me munit d’un tas de pièces attestant sa qualité de fabricant, il m’enseigna la manière de « faire l’article » et m’expédia droit chez Macaire sans me laisser le temps de retourner à la campagne. Je ne pus donc voir Grouchka, mais je n’en ressentis pas moins vivement son injure : comment, en effet, le prince se permettait-il de disposer de sa main en ma faveur ? Chez Macaire un plein succès couronna mes tentatives commerciales : les Asiatiques me firent force commandes dont ils payèrent une partie par anticipation. J’envoyai l’argent au prince et je revins au village, mais j’eus peine à m’y reconnaître, tant l’aspect des lieux s’était modifié durant mon absence… La maison seigneuriale avait été transformée de fond en comble comme par la baguette d’un magicien ; il semblait qu’on se préparât à y célébrer une fête. Du pavillon occupé par Grouchka il ne restait plus trace : on l’avait rasé et sur son emplacement s’élevait une construction nouvelle. Grande fut ma surprise à cette vue. « Où donc est Grou-