Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/273

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour aller à la cuisine, mais la niania Tatiana Iakovlevna était une vieille Moscovite fort causeuse ; elle aimait terriblement à bavarder ; aussi, craignant de perdre un auditeur, elle me dit :

— Ne t’en va pas, Ivan Sévérianitch, allons nous asseoir dans la garde-robe, derrière une armoire ; il n’y a pas de danger qu’elle le conduise là, et nous pourrons encore tailler une bavette ensemble.

Je consentis parce que je comptais sur l’humeur loquace de Tatiana Iakovlevna pour obtenir quelque renseignement utile à Grouchka et, comme Eugénie Séménovna m’avait envoyé une petite fiole de rhum à boire avec mon thé, je résolus, moi qui avais alors complètement renoncé à la boisson, de verser ce rhum dans la tasse de la bonne vieille : cela lui ferait peut-être lâcher des choses qu’autrement elle n’aurait pas dites.

Nous quittâmes la chambre d’enfant et nous nous assîmes derrière des armoires, dans une petite pièce fort étroite ou, pour mieux dire,