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Je veux que les remonteurs et les éleveurs viennent encore chez moi.

Je songeai en moi-même que le commerce des chevaux n’était pas une occupation fort chic pour un gentilhomme, mais, comme l’essentiel, à mon avis, était d’empêcher l’enfant de pleurer, je répondis :

— Soit.

Nous montâmes ensemble une écurie. Mais, une fois lancé dans cette affaire, le prince s’y jeta à corps perdu, avec toute l’impétuosité de son tempérament. S’étant procuré tant bien que mal un peu d’argent, il acheta une quantité de chevaux, ne voulut pas m’écouter et les choisit en dépit du sens commun… Nous fûmes bientôt encombrés d’un tas de rosses que nous ne pûmes vendre. Cette déconvenue dégoûta soudain le prince du métier de maquignon ; il se livra alors à diverses opérations plus ou moins aventureuses, établit un moulin extraordinaire, fonda une fabrique de harnais… Toutes ces entreprises se soldèrent par des déficits, ce