Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Et il sortit de la chambre. En attendant son retour, je me dis :

« Eh ! tu as tort de déclarer si haut que tu contempleras exclusivement son visage ! Tu en seras vite las ! » Mais je ne creusai pas cette idée, car, en songeant que Grouchka était maintenant si près de moi, je me sentais au cœur une chaleur cuisante et mon esprit se troublait. « Se peut-il que dans un instant je la voie ? » pensais-je.

Tout d’un coup ils entrent : le prince se montre le premier ; d’une main il tient une guitare à laquelle est adapté un large ruban incarnat, de l’autre il traîne après lui Grouchenka ; elle marche les yeux obstinément baissés, sans faire attention à rien, mais ses longs cils noirs, pareils à des ailes d’oiseau, s’agitent sur ses joues.

Le prince la prend dans ses bras et la dépose comme un enfant sur le coin d’un large et moelleux divan ; il fourre un coussin de velours derrière son dos, en met un autre sous son coude droit, lui passe à l’épaule le