Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/254

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Allons, ne t’effraie pas trop : Dieu est miséricordieux et peut-être que je me tirerai d’affaire d’une façon quelconque ; toujours est-il que, pour cette Grouchka, j’ai donné au tabor[1] cinquante mille roubles.

Je poussai un cri.

— Comment, cinquante mille roubles ! Pour une Tsigane ! Mais est-ce que cet aspic vaut cela ?

— Eh bien ! mon à demi très honoré, vous venez de dire une sottise et non une parole d’artiste !… Comment, si elle vaut cela ? Une femme vaut tous les trésors du monde, car la blessure qu’elle fait, un empire n’y porterait pas remède, et seule elle peut en un moment la guérir.

Je sentais que tout cela était vrai, mais je continuais à hocher la tête et à m’exclamer :

— Une pareille somme ! Cinquante mille roubles !

  1. Campement de Tsiganes.