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l’étreinte de mes genoux. « Débridez-le ! » criai-je de nouveau. Ils ouvrirent encore la bouche pour répliquer, mais alors, exaspéré, je me mis à grincer des dents et ils obéirent tout de suite, après quoi chacun se sauva où il put. Au même instant, je fais au cheval la surprise de lui briser mon pot sur le front ; la pâte dégouline dans ses yeux et dans ses naseaux. Il est saisi, se demande ce que cela veut dire. Prestement j’ôte ma casquette et, la tenant de la main gauche, je la passe et repasse vivement sur les yeux de l’animal pour y faire encore mieux pénétrer la pâte, en même temps je lui caresse le flanc avec mon fouet… Il fait mine de se cabrer, mais je continue à promener ma casquette sur ses yeux de façon à lui troubler complètement la vue, et je lui cingle l’autre flanc… Bref, je n’y vais pas de main morte, je ne le laisse pas respirer ; à l’aide de ma casquette je lui barbouille de pâte tout le chanfrein, je l’aveugle, je l’épouvante par mes grincements de dents et, de chaque côté, je lui laboure les flancs à