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avec une sorte d’énergie brutale : « La me-e-er hu-uu-urle, la mer gé-mit. » En l’écoutant, on croyait réellement entendre les gémissements de la mer et voir le petit canot ballotté par les vagues. Puis sa voix prit soudain une expression toute autre dans l’invocation à l’étoile : « Chère avant-courrière du jour, ta présence est pour moi le gage du salut. » Ensuite, nouveau changement inattendu. Les tsiganes ont l’habitude de ces renversements d’accords : leur chant pleure, vous tourmente, vous arrache, pour ainsi dire, l’âme du corps et, un instant après, il éveille brusquement en vous des impressions toutes différentes. De même cette fois : après que Grouchenka nous eut émus par le spectacle du canot en détresse, nous entendîmes toute la troupe chanter en chœur :


Dja-la-la, Dja-la-la,
Dja-la-la pringala !
Dja-la-la pringala
Gaï da tchépouringala !
Gheï gop-gaï, ta gara !
Ghei gop-gaï, ta gara !