Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.

timents ? Non, advienne que pourra : plus tard je réglerai mes comptes avec le prince ; mais maintenant je ne veux pas me couvrir de honte et humilier par ma lésinerie cette beauté sans égale. »

Comme conclusion à ce monologue, je pris dans mon portefeuille un cygne de cent roubles et le jetai sur le plateau. Aussitôt la petite tsigane m’essuya les lèvres avec un mouchoir blanc, y posa légèrement les siennes et s’éloigna. Mais quelque rapide qu’eût été ce baiser, il me laissa la sensation d’une brûlure.

Après que la jeune fille m’eut quitté, je restai d’abord à la même place ; mais le vieux tsigane, le père de cette Grouchka, et un autre tsigane me prirent chacun par un bras et m’emmenèrent au premier rang où ils me firent asseoir à côté de l’ispravnik et des autres messieurs.

J’avoue que je n’y tenais pas ; ne voulant point demeurer là, j’essayai de m’en aller, mais ils insistèrent pour que je restasse et recou-