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prendre cela, mais moi je le comprends, et je mettrai fin à cette possession. » L’autorité donna son consentement. Alors je dis : « Menez-le au delà de la barrière Dragomiloff. » On obtempère à ma demande ; nous le conduisons par la bride dans le voisinage de Phili, où, l’été, les messieurs vont en villégiature. Je vois là un vaste espace découvert qui semble fait à souhait pour la circonstance et incontinent je me mets à l’œuvre. Je m’élance sur le dos de cet anthropophage, sans chemise, pieds nus, n’ayant sur moi qu’un large pantalon et une casquette, mais autour de mon corps nu je portais en guise de ceinture un ruban qui avait touché la châsse du valeureux prince de Novgorod, Vsévolod Gabriel, un saint pour qui j’avais une grande dévotion à cause de sa bravoure ; sur cette ceinture était tissée sa devise : « Je ne céderai mon honneur à personne. » Je ne m’étais muni d’aucun instrument particulier, je tenais seulement dans une main un solide fouet tatare terminé par une boule de plomb