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vois surgir de tous les coins sombres divers spectres affreux qui fixent sur moi des regards menaçants ; les uns me barrent le passage ; les autres attendent, postés aux points d’intersection des rues. « Tuons-le, disent-ils, et emparons-nous du trésor. » Devant moi, je retrouve mon barine, dont le visage est tout rayonnant de lumière ; derrière moi, j’entends un vacarme épouvantable : ce sont des voix, des instruments de musique, des cris, des rires joyeux. Je cherche à m’orienter, et je m’aperçois que je suis adossé contre le mur d’une maison ; les fenêtres de cette habitation sont ouvertes, et l’intérieur est éclairé ; c’est là que se produit le tapage qui retentit à mes oreilles. Mon barine s’est, de nouveau, placé vis-à-vis de moi et me fait des passes sur le visage ; ensuite, il promène ses mains sur ma poitrine, s’arrête à l’endroit du cœur, y appuie ses doigts avec force, puis, se remet à agiter les bras, et se donne tant de mal, que je le vois tout ruisselant de sueur. Mais, dès que la lumière projetée par les