Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme il s’appelait : eh bien ! ce scélérat de cheval faillit le dévorer aussi et, en tout cas, le perdit de réputation. Rarey ne dut son salut, dit-on, qu’à une genouillère en acier qu’il portait et qui le protégea contre les morsures de l’animal, autrement c’était fait de lui ; mais moi, je réduisis cette bête à l’obéissance.

— Racontez-nous, s’il vous plaît, comment vous vous y êtes pris.

— J’ai été aidé par le secours de Dieu, car, je vous le répète, je suis doué pour cela. Ce mister Rarey qui s’intitule le « roi des dompteurs » et tous ceux qui avant lui s’étaient ingéniés à se rendre maîtres de ce cheval n’avaient eu recours qu’aux rênes pour lutter contre sa férocité ; c’est en le tenant de court qu’ils voulaient l’empêcher de lancer sa tête tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Moi j’imaginai un procédé tout opposé. Lorsque l’Anglais Rarey eut renoncé à sa tentative, je dis : « Ce n’est rien, c’est la chose la plus simple, attendu que ce cheval est tout bonnement possédé du diable. L’Anglais ne peut pas com-