saillir, tout fort que j’étais, je ne pourrais leur opposer de résistance. Enfin, malgré le trouble apporté dans mes idées par l’ivresse, je me rappelai qu’au traktir j’avais à plusieurs reprises tiré de l’argent de ma poche pour régler la consommation : par conséquent le barine, mon compagnon, avait pu voir que j’étais en possession d’une grosse somme. Un soupçon soudain traversa mon esprit : « Cet homme n’a-t-il pas combiné quelque embûche contre moi ? Au fait, où est-il ? Nous sommes sortis du traktir ensemble, comment a-t-il disparu si vite ? »
Je m’arrêtai, je le cherchai des yeux autour de moi et, ne sachant pas son nom, je l’appelai comme je pus :
— Hé ! Dis donc, magnétiseur, où es-tu ?
Au même instant il surgit devant moi comme un diable qui sort d’une boîte à surprise.
— Me voici, dit-il.
Il me sembla que ce n’était pas sa voix, et l’obscurité était trop épaisse pour que je pusse distinguer ses traits.