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— Celle-ci a mieux passé, observai-je quand j’eus vidé mon verre.

Cette fois, c’est de mon propre mouvement que je fais venir un autre carafon, je me mets à régaler mon barine, non sans me verser à moi-même force rasades. Il ne m’en empêche pas, seulement il ne me laisse boire que quand il a pratiqué, au préalable, ses passes mystérieuses sur ma boisson ; si je porte mon verre à mes lèvres avant l’accomplissement de cette formalité, il s’empresse de me le retirer des mains :

— Halte-là !… Une minute !… dit-il.

Il fait ses exorcismes au-dessus de mon verre et, après cela, me permet de boire :

— Là, maintenant la potion est prête, tu peux prendre selon la formule.

Je continuai cette cure jusqu’au soir dans le traktir en compagnie du barine. J’avais la conscience parfaitement tranquille parce que je savais que je buvais non pour me pocharder, mais pour en finir avec cette habitude. Je tâtai la poche de ma redingote et, sentant