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— Quoi ? Je ne comprends pas.

— C’est une puissance particulière, inhérente à l’homme, et qui résiste à l’ivresse comme au sommeil, parce qu’elle est un don. Je t’ai montré cela pour te faire comprendre que, si je le voulais, je pourrais à l’instant même renoncer à la boisson. Je ne le veux pas, de peur qu’à ma place un autre ne se mette à boire, et que moi-même, guéri de ma passion, je ne vienne à oublier Dieu. Mais ce que je ne fais pas pour moi, je suis prêt à le faire pour autrui ; je puis en un instant faire passer à n’importe qui le goût du vin.

— Alors, fais-le-moi passer, je t’en prie !

— Est-ce que tu bois ? interrogea-t-il.

— Oui, et même parfois avec excès.

— Eh bien ! sois tranquille, c’est pour moi la chose la plus facile du monde et je tiens à reconnaître ton amabilité : je t’enlèverai cela comme avec la main.

— Ah ! s’il te plaît, enlève-le-moi ! suppliai-je.

— Soit, mon ami, soit. Puisque tu m’as régalé, je ferai cela pour toi ; je te débar-