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XI


Naturellement, nous priâmes Ivan Sévérianitch de mettre le comble à son amabilité en nous racontant ce nouvel épisode de son existence accidentée, il voulut bien y consentir et nous fit en ces termes le récit de sa « dernière sortie » :

— Nous avions acheté comme cheval d’officier une pouliche nommée Didon qui provenait d’un haras et qui était admirablement belle. Une robe zain doré, une charmante petite tête, de jolis yeux, des naseaux subtils et bien fendus, un poitrail plat et large sur le devant, arrondi en dessous, une crinière soyeuse, des jambes fines avec des bas blancs… Et quelle légèreté dans ces jambes ! Pour elles la course n’était qu’un jeu… En un mot, tout amateur, tout homme ayant le sens de la