— Autrement dit, vous vous pochardiez.
— Oui, j’allais boire.
— Et vous en aviez pour longtemps ?
— M… n… n… c’est comme cela tombait ; la durée de mes sorties n’avait rien de fixe. Des fois je buvais tant que j’avais de l’argent, jusqu’à ce que j’eusse reçu une raclée ou battu moi-même quelqu’un. Mais, d’autres fois, cela finissait plus vite : après une nuit passée au poste ou dans le ruisseau j’étais dessoûlé, et il n’y paraissait plus. En pareille circonstance, j’observais invariablement la règle suivante : dès que je me sentais irrésistiblement poussé à faire une sortie, j’allais trouver le prince et je lui disais :
— Altesse, voici les fonds, veuillez les garder, je m’en vais.
Il prenait l’argent sans objecter un mot ou se bornait à demander :
— Votre Grâce compte-t-elle faire longtemps la noce ?
J’indiquais un temps plus ou moins long, suivant que le cœur m’en disait, et je partais.