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sur le dos du cheval, mais ils ont un petit clou dans leur gant et ils piquent tout en ayant l’air de caresser. Ce que je viens de vous dire n’est pas la dixième partie des explications que je donnai à mon remonteur, mais j’eus beau lui prodiguer les conseils, le lendemain il acheta un tas de carcans tous plus lamentables les uns que les autres et il m’appela triomphalement pour me les montrer :

— Mon ami, viens un peu voir si j’ai eu la main heureuse dans mes acquisitions.

Un coup d’œil me suffit pour être fixé.

— Il est inutile de les examiner, répondis-je en riant. — Celui-ci a les épaules charnues, il bronchera ; celui-là se couche et ramène son sabot sous son ventre, il aura une hernie d’ici à un an au plus tard ; cet autre a un tic : en mangeant son avoine, il agite sa jambe de devant et frappe du genou la mangeoire.

Je critiquai ainsi tour à tour chacun des chevaux achetés par le remonteur et l’événe-