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Mais, en dépit de cette promesse, je restai tout chagrin.

— Elle est bonne, la plaisanterie ! répondis-je. — Si vous m’en faites souvent de pareilles, je ne vivrai pas jusqu’au printemps prochain.

Et, dès que mon interlocuteur se fut endormi comme ses camarades, je m’empressai de tirer au large. J’arrivai à Astrakhan, où je me fis des journées d’un rouble, en travaillant comme manœuvre. Dès lors, je m’ivrognai si bien que, je ne me rappelle pas comment, un beau jour, je me trouvai en prison dans une autre ville, d’où je fus expédié, sous bonne escorte, au chef-lieu de ma province. Là, on me donna le fouet à la police, puis on me ramena au village de G… La comtesse qui m’avait fait fouetter pour avoir coupé la queue du chat était morte ; son mari vivait encore, mais c’était maintenant un vieillard, et la dévotion avait remplacé chez lui la passion des chevaux. Quand on lui annonça mon arrivée, il se souvint de moi et ordonna que je fusse fouetté