Page:Leskov - Le Voyageur enchanté.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mais cette imprudence faillit me coûter la perte de mes deux yeux : l’objet m’éclata entre les mains, s’éleva en l’air et là… bbbakhkhkh… une pluie d’étoiles !… « Eh ! me dis-je, ce ne doit pas être un dieu, mais tout bonnement un pétard comme ceux qu’on tirait chez nous dans le jardin public. » Je mis le feu à un autre tube et j’observai les Tatares ; lorsque l’explosion se produisit, tous ces vieux se jetèrent la face contre le sol, en proie à une terreur qui se manifestait par le tremblement de leurs jambes… Moi-même sur le moment j’avais eu peur aussi, mais, quand je les vis si effrayés, je sentis naître tout à coup en moi une assurance extraordinaire. Pour la première fois depuis que j’étais prisonnier je grinçai des dents, et, quelques mots étrangers me revenant par hasard à l’esprit, je criai d’une voix aussi retentissante que possible :

Parlez-bien-comme-ça-sir-mir-ferfluch-tur-mein-adieu-monsieur !

Là-dessus, j’allumai une troisième fusée…