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— Talafa vous montrera cette nuit même sa puissance ; seulement, si vous voyez ou entendez quelque chose, gardez-vous bien de quitter vos tentes ; autrement, il vous brûlera.

L’hiver, la steppe est si ennuyeuse qu’un événement quelconque y est toujours le bienvenu. Celui qu’on nous annonçait était, en somme, une distraction ; aussi, bien qu’un peu d’inquiétude se mêlât à notre curiosité, chacun de nous avait-il à cœur de voir ce que ferait ce dieu hindou, par quel prodige il se manifesterait.

Nous nous retirâmes de bonne heure sous nos tentes avec nos femmes et nos enfants, et nous attendîmes… Le silence et l’obscurité régnaient comme dans une nuit ordinaire ; mais tout à coup, au moment où je venais de m’endormir, je crus entendre l’ouragan mugir dans la steppe ; en même temps, il me sembla voir tomber du ciel une pluie d’étincelles.

Je me mis sur mon séant et regardai autour de moi : mes femmes allaient et venaient d’un air effaré, les enfants piaulaient.