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encore plus perplexe que la première. Imaginez-vous un bruit terrible… si terrible qu’aucune parole ne pourrait en donner une idée… Au galop défile une foule innombrable de chevaliers ; leurs armures sont vertes, ainsi que les plumes de leurs casques, et leurs montures ressemblent à des lions qui seraient noirs. Un chef au visage hautain les précède ; il est équipé comme eux et tient en main un drapeau où, sur un fond sombre, se détache un serpent ; tous galopent dans la direction qu’il leur indique en agitant cet étendard. Tandis que le vladika contemple avec stupeur un tel spectacle, l’orgueilleux commandant crie à sa troupe : « Tourmentez-les, à présent, ils n’ont plus d’intercesseur ! » et il passe au galop, suivi de ses guerriers ; derrière eux, comme une bande d’oies maigres au printemps, se traînent des ombres lamentables qui toutes inclinent tristement la tête devant le vladika et lui disent d’une voix pleine de larmes : « Fais-lui grâce ! — seul il prie pour nous. » Sitôt levé, le métro-