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plutôt payez-leur une rançon pour moi, et je serai votre domestique. Depuis le temps que j’habite ici, la langue tatare m’est devenue familière, je pourrai vous rendre des services.

— Fils, me répondirent-ils, — nous n’avons pas d’argent pour payer ta rançon. Quant à effrayer les infidèles, nous ne le pouvons pas, car ils sont déjà assez mal disposés sans cela. Par politique nous nous faisons une règle d’être polis avec eux.

— Ainsi, répliquai-je, — à cause de cette politique je devrai passer toute ma vie prisonnier ici ?

— Peu importe, fils, le lieu où tu passeras ta vie, reprirent les ecclésiastiques, — tu n’as qu’à prier : la miséricorde de Dieu est grande, peut-être qu’il te délivrera.

— J’ai prié, mais je ne me sens plus le courage de le faire, j’ai perdu l’espérance.

— Ne t’abandonne pas au désespoir, car c’est un grand péché, me firent-ils observer.

— Je ne m’y abandonne pas ; seulement…