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que j’étais russe, mais moi-même je confirmai les paroles des Tatares.

— Si, dis-je, — je suis Russe en effet ! Mes pères spirituels, ayez pitié de moi, soyez mes libérateurs. Depuis dix ans déjà je languis captif ici et voyez comme je suis estropié : je ne peux pas marcher.

Mais en vain je fis appel à leur compassion, ils me tournèrent le dos et se remirent à évangéliser leur auditoire.

Je me dis : « Pourquoi leur en voudrais-je ? Ces gens-là font leur service ; d’ailleurs, en présence des Tatares, il ne leur était peut-être pas facile d’en user autrement avec moi. » Sur cette réflexion, je me retirai, mais, choisissant une heure où ils étaient seuls dans leur tente, j’allai les trouver et leur racontai avec une entière sincérité toutes les misères de mon existence.

— Mes bienfaiteurs, achevai-je, — effrayez-les en les menaçant de la colère du Tzar Blanc : dites-leur qu’il ne permet pas aux Asiatiques de retenir de force ses sujets en captivité. Ou