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VIII


Pour que l’ordre chronologique fût respecté dans l’intéressante histoire d’Ivan Sévérianovitch, nous le priâmes de nous raconter avant tout par quels moyens extraordinaires il s’était débarrassé des crins de cheval introduits dans ses pieds et avait recouvré sa liberté. Il nous fit à ce sujet le récit suivant :

— J’avais complètement perdu l’espoir de revenir jamais dans mon pays ; je croyais même inutile d’y songer et la tristesse faisait place en moi à l’apathie. J’étais comme une statue privée de sentiment, et rien de plus. Parfois pourtant je me rappelais que jadis, dans l’église de notre village, le père Ilia, le même qui demandait toujours un journal, — priait, au cours de l’office, pour « les navigateurs, les voyageurs, les malades et les prisonniers ».