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lice avec les barines, tout comme s’il avait été leur égal. Ce Savakiréï était un homme de petite taille, mais alerte et vigoureux ; sa tête ronde et rasée avait l’air d’avoir été faite au tour ; à commencer par son visage d’un rouge carotte, tout dans sa courtaude personne respirait la force et la santé.

— Il est inutile de se ruiner ! lança-t-il d’une voix tonnante. — Si quelqu’un a envie de ce poulain, qu’il consigne la somme demandée par le khan et qu’il vienne se mesurer avec moi. Le cheval appartiendra au vainqueur.

Naturellement, cette proposition ne sourit pas aux messieurs et ils s’empressèrent de la décliner. D’ailleurs, y avait-il moyen pour eux d’entrer en lutte avec ce Tatare ? Le païen les aurait tous écrabouillés. Mon remonteur n’était guère en fonds alors, car il venait de se faire ratisser à Penza, cependant je voyais que le cheval lui plaisait beaucoup. Je lui tirai la manche par derrière :

— Il ne faut pas, lui dis-je, — promettre