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— Tout cela ne vaut rien, observa mon expérimenté voisin ; — grâce à la largeur de son dos, chaque coup qu’il reçoit l’atteint sur une surface considérable ; il précipite son jeu, il s’essouffle et, comme il ne ménage pas sa respiration, il allume un incendie dans son intérieur.

— Ainsi, demandai-je, — il y a plus de chances en faveur de Tchepkoun ?

— Certainement : vois-tu, il est tout sec, il n’a que les os et la peau, sur un petit dos anguleux comme le sien le fouet n’a guère de prise. D’autre part, au lieu de faire pleuvoir les coups avec la précipitation irréfléchie de Bakchéï, il frappe avec méthode ; son fouet s’abat posément et ne quitte la peau qu’après y avoir déterminé une enflure. C’est pourquoi le dos de Bakchéï est tout gonflé et noir comme un chaudron, mais il ne saigne pas, toute la douleur reste dans le corps ; la peau de Tchepkoun, au contraire, ressemble à celle d’un cochon de lait rôti, mais chez lui le mal s’en va avec le sang qu’il perd, et il sera vainqueur