chênes qu’il abattait dans le même moment, à 16 kilomètres de là, près de Rosay. Son étonnement était d’autant plus grand que les trembles, les aunes de son bois du Châtellier avaient, au contraire, fourni leur sève ordinaire. Or, quand, en mai 1870, il fit l’inventaire de son bois, les chênes étaient sans feuilles ; toutes avaient été mangées par les chenilles processionnaires, tandis que les chênes de Rosay avaient échappé à cette invasion et que les trembles et les aunes du Châtellier avaient été également respectés par les chenilles qui ont mission de les attaquer[1]. En se reportant à ses souvenirs, il arriva à conclure que, pour le moins, les chenilles processionnaires, en dépouillant un chêne de ses feuilles, lui font perdre un tiers ou un quart de la croissance produite par la sève d’août.
Eh bien ! pendant quatre ans, de 1864 à 1868, je n’ai jamais exploré au printemps nos vastes forêts, sans rencontrer fréquemment des chênes dépouillés de leurs feuilles. En 1868, j’ai pu compter, dans les premiers jours de juin, des milliers de chênes qui en étaient complétement privés. Malheureusement aussi, beaucoup de ces chênes qui, pendant plusieurs années, ont souffert de cette invasion, se sont découronnés et sont condamnés à végéter et à mourir prématurément. Le chêne, le roi de la forêt feuillue, pouvant se trouver à la merci de quelques millions de chenilles, quels dangers n’auraient pas à courir tous les arbres et toutes les plantes, si ces petits animaux, chargés d’en modérer et d’en régulariser
- ↑ Le coucou mange les chenilles processionnaires. A. Mathieu, ibid., p. 100.