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hors de son lit pour la secourir ; mais il serait arrivé trop tard, car le chat de la reine, s’étant échappé des bras de sa maîtresse, allait croquer le pauvre oiseau, lorsque la fée, prenant tout d’un coup la figure d’un gros chien, sauta sur le chat et l’étrangla. Ensuite elle se métamorphosa, ainsi que Biby, en souris, et toutes deux s’enfuirent par un petit trou qui était dans un coin de la chambre.

Le prince s’était évanoui à la vue du danger qu’avait couru sa chère Biby, mais la reine n’y fit pas attention : elle n’était occupée que de la mort de son chat, pour lequel elle jetait des cris horribles. Elle dit au roi qu’elle se tuerait, s’il ne vengeait pas la mort de son cher favori ; elle ajouta que Tity avait commerce avec des sorciers pour lui donner du chagrin, et qu’elle n’aurait pas un moment de repos qu’il ne l’eût déshérité et donné la couronne à Mirtil. Le roi y consentit, et lui dit que le lendemain il ferait arrêter le prince et lui ferait faire son procès. Le fidèle l’Éveillé ne s’était pas endormi dans cette occasion ; il s’était glissé dans le cabinet du roi, et vint tout de suite avertir le prince. La peur qu’il avait eue pour Biby lui avait ôté la fièvre ; il se disposait à monter à cheval et à s’enfuir, lorsqu’il vit entrer la fée, qui lui dit : « Je suis lasse des méchancetés de votre mère et de la faiblesse de votre père : je vais vous donner une bonne armée ; allez les prendre dans leur palais ; vous les mettrez en prison avec leur fils Mirtil ; vous monterez sur le trône, et vous épouserez Biby tout de suite. — Madame, dit le prince à la fée, vous savez que j’aime Biby plus que ma vie ; mais le désir de l’épouser ne me fera jamais oublier ce que je dois à mon père et à ma mère, et j’aimerais mieux périr tout à l’heure que de prendre les armes contre eux.