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ches à la reine. Véritablement ils éblouissaient avec tous ces diamants. Guinguet et sa femme se mirent sur leur trône, et Mirtil s’assit à leurs pieds ; mais à peine les ambassadeurs furent-ils entrés dans la salle, que les diamants disparurent, et il n’y eut plus à la place que des nèfles, des noisettes et un œuf. Les ambassadeurs crurent que Guinguet s’était habillé d’une manière aussi ridicule pour faire affront à leur maître ; ils sortirent tout en colère, et dirent que leur roi leur apprendrait qu’il n’était pas le roi des nèfles. On eut beau les rappeler, ils ne voulurent rien entendre, et s’en retournèrent dans leur pays. Guinguet et sa femme restèrent très honteux et fort irrités. « C’est Tity qui nous a joué ce tour-là, dit la reine au roi quand il fut seul avec elle : il faut le déshériter et laisser notre couronne à Mirtil. — J’y consens de tout mon cœur, » dit le roi. En même temps, ils entendirent une voix qui disait : « Si vous êtes assez méchants pour le faire, je vous casserai tous les os les uns après les autres. » Cette voix leur fit grand’peur, car ils ne savaient pas que l’Éveillé était dans leur cabinet, et qu’il avait entendu leur conversation. Ils n’osèrent donc faire aucun mal à Tity ; mais ils faisaient chercher la vieille de tous côtés pour la faire mourir, et ils étaient au désespoir qu’on ne pût la trouver.

Cependant le roi Violent, qui était celui qui avait envoyé des ambassadeurs à Guinguet, crut que véritablement on avait voulu se moquer de lui, et résolut de se venger en déclarant la guerre à son voisin. Ce dernier en fut d’abord bien fâché, car il n’avait pas de courage et craignait la mort ; mais la reine lui dit : « Ne vous affligez point ; nous enverrons Tity commander l’armée, sous prétexte de lui faire