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enfants ; pourvu qu’ils ne me coûtent rien à nourrir et à habiller, je les garderai, et m’en réjouirai en attendant.

— Doucement, Sire, reprit cette femme ; donnez-vous patience, tout vient à point à qui peut attendre. »

Dans le même instant, les douze marionnettes se remirent à danser, et l’on fut dans le dernier étonnement de les voir changer à vue d’œil, et reprendre peu à peu un autre visage et un nouvel habillement.

« Miséricorde ! s’écria le roi, voilà Toinon, Jacquot et Chonchon ; ma femme, c’est Toinette, Jacqueline et Chonchette… Non… je ne crois pas… Oh ! par mon sceptre, cela est admirable ! »

Puis, adressant la parole à leur conductrice :

« Tenez, lui dit-il, je parie ma toque et mon manteau royal que vous êtes Madame des champs, notre amie. Par ma foi ! vous valez votre pesant d’or, et voilà des enfants tout chaussés, tout vêtus, et grands comme père et mère ; mais qui les mariera ?

— Moi, répliqua la Fée des champs (car c’était elle-même), et ce sera tout à l’heure. »

À ces mots, le roi, ne se sentant pas de joie, la prit par la main, lui fit je ne sais combien de compliments de sa façon, et la fit asseoir auprès de Gillette, à qui il criait :

« C’est Madame des champs, au moins, c’est notre bonne amie ! »

Mais la reine, n’écoutant que ses sentiments, se livra à toute sa reconnaissance envers la fée, et à toute sa tendresse pour ses enfants. La fée lui présenta ensuite les trois princes et les trois princesses, qui étaient inconnus, et proposa leurs mariages avec ses six enfants.