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coûtait rien, donna l’exemple, mangea de bon cœur et but exactement sa ronde. On dit qu’il ne s’épargna pas sur ses vieilles histoires et sur ses vieux bons mots, car le bonhomme les répétait souvent, et toujours dans les mêmes termes.

Il y avait près de deux heures que l’on était à table, lorsqu’on entendit les violons dans la salle d’audience. Comme on avait bien bu et bien mangé, on quitta volontiers la table, et le roi, qui était en gaieté, ne demandant pas mieux que de danser, voulut ouvrir le bal avec la reine, et demanda la courante. Les violons obéirent ; il la commença ; mais, ne s’en souvenant plus, il ne l’acheva pas, et dit au jeune prince et à la jeune princesse de danser un menuet, ce qu’ils tirent avec une grâce admirable. Ils en étaient à la dernière révérence, lorsqu’on vit entrer dans la chambre six marionnettes joliment habillées, savoir, trois en chevaliers romains, et trois en dames romaines. Chacune de ces six marionnettes avait à coté d’elle une place vide, dans laquelle on apercevait un bout de nez ; et tout cela était conduit par une femme à laquelle on prit peu garde, tant ce spectacle attira les regards.

Chacun se rangea pour leur faire place, et sur-le-champ ils formèrent un pas dans lequel les six bouts de nez figurèrent à merveille. Le ballet fini, elles se rangèrent en cercle, et dans le même ordre qu’elles avaient observé en entrant. Leur conductrice se plaça au centre, porta l’extrémité de sa baguette sur les six bouts de nez, et fit en même temps paraître à leur place six polichinelles et six dames gigognes.

« Bon, bon, dit le roi ; tout cela sera pour mes petits-