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« Ce que vous voyez n’est qu’une partie des bienfaits de la Fée des champs, votre amie ; elle y joint encore le choix d’une princesse jeune et aimable, que notre reine a destinée au prince pour épouse. Si les qualités de l’esprit de cette princesse et les grâces de sa figure sont un faible garant du bonheur de ces époux, la douceur de son caractère et la bonté de son cœur, que j’ai pris soin de former, peuvent en assurer la durée. Confirmez donc cette union, et méritez ainsi la puissante protection de la Fée des champs et de celle de… »

Le roi n’en put entendre davantage, et, prenant aussitôt la main du prince et celle de la princesse :

« Tope, dit-il ; je les marie, et leur donne tous mes royaumes et toutes mes fermes ; car pour mes autres enfants, je ne m’en embarrasse plus ; et cette bonne Madame des champs, notre amie, ne les laissera manquer de rien : ainsi, faisons la noce et réjouissons-nous. Vous dînerez tous avec moi, quoique je ne sache pas trop ce que je vous donnerai ; mais, comme dit ma femme, tout vient à point à qui peut attendre.

— Cependant, beau-père, dit-il à Caboche, va-t’en à la cuisine, fais tuer tout ce qui est en ma basse-cour, et surtout, grand’chère, car je veux qu’il en soit parlé. »

Le sénéchal obéit ; mais en traversant la salle à manger, il y aperçut une table de vingt-quatre couverts servie des meilleurs mets. Il n’alla pas plus loin, et revint promptement raconter au roi et à la reine ce qu’il venait de voir.

Chacun voulut en être témoin ; on s’y rendit, non sans quelque frayeur, et par conséquent sans cérémonie. Ce spectacle étonna d’abord ; on hésita à goûter des viandes, mais enfin on s’y accoutuma, et le roi, à qui tout cela ne