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cœur ne vous ont pas permis de faire un bon usage de votre pouvoir ; bien loin de réparer vos injustices par la puissance de grande féerie que les lois et ma bonté vous ont accordée, vous en avez au contraire abusé, et cet abus réclame enfin ma justice : recevez donc aujourd’hui le châtiment de vos forfaits en perdant pour deux cents ans toute puissance de féerie et en reprenant la forme d’autruche, sous laquelle vous serez, pendant ce temps-là, destinée aux services de ces gines. »

À ces mots, la reine la toucha de son sceptre, et toutes les fées, ayant levé sur elle leurs baguettes en signe d’applaudissements, prononcèrent quelques paroles, pendant lesquelles la malheureuse Gangan, redevenue autruche, alla sur-le-champ se placer parmi les autres animaux de son espèce.

Cependant la reine, ayant appelé la fée Judicieuse, lui confia le soin du jeune prince et de la jeune princesse, pendant qu’ils resteraient à la cour, et lui recommanda surtout de former leur cœur en cultivant leur esprit ; puis elle embrassa Cadichon et Féliciane (c’est ainsi que se nommait la princesse), et ces aimables enfants, pénétrés de joie et de reconnaissance, ne quittèrent qu’avec peine les bras de la reine pour se rendre dans ceux de Judicieuse.

Ils profitèrent si bien de l’éducation qu’on leur donna, pendant deux ans qu’ils demeurèrent chez la reine des fées, qu’ils s’attirèrent l’amour et l’admiration de toute sa cour. Quand ils eurent atteint l’âge, l’un de quatorze ans et l’autre de douze, la souveraine des fées résolut de les unir et de les rendre, avec les frères et sœurs de Cadichon, au roi Pétaud et à la reine Gillette ; mais elle déclara à la Fée des champs que, pour servir d’exemple à Cadichon et à Féliciane, ces