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thèque dont on a parlé se trouva toute placée. Au-dessus étaient de fort beaux greniers, bien lambrissés, d’où l’on découvrait la plus belle vue du monde. On n’avait pas oublié une laiterie avec tous ses ustensiles ; mais ce qu’il y avait de plus admirable, c’est que toute la maison était bien meublée et garnie de tout ce qui était nécessaire. Les meubles étaient parfaitement semblables, pour les étoffes et pour la forme, à ceux de Leurs Majestés ; et ils auraient pu s’y méprendre, si ceux-ci n’avaient été neufs.

On s’imagine bien quel fut l’étonnement de Pétaud de se trouver dans une maison qu’il ne connaissait point ; mais ce fut bien autre chose lorsque, ayant ouvert une des fenêtres de sa chambre, il aperçut, au lieu de son petit potager royal, un grand gazon en boulingrin au bout duquel était un assez bel étang, terminé par un bois de haute futaie ; qu’il y avait, à droite du boulingrin, un potager rempli de tous les différents légumes, et qu’à gauche était un verger planté de toutes sortes d’arbres fruitiers.

Il considéra tout cela pendant quelque temps ; mais sa surprise faisant place à la joie, il courut au lit de la reine, qui dormait encore et la réveilla en lui criant :

« Ma femme, ma femme, levez-vous ; venez voir une maison toute neuve, des jardins magnifiques. Savez-vous ce que c’est que tout cela ? Pour moi, je n’y comprends rien. »

La reine eut à peine le temps de prendre son jupon, son pet-en-l’air et ses mules. Elle fut à sa fenêtre avec le roi, qui sur-le-champ la conduisit dans tout l’appartement, et de là au rez-de-chaussée, où ils trouvèrent la cuisine et l’office garnis de tout ce dont on pouvait avoir besoin. Toutes ces merveilles ne laissèrent pas que d’effrayer le bon Pétaud ;