Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/470

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tant de vitesse, que la reine les eut bientôt perdus de vue.

Alors, plus occupée de la perte de Cadichon et de ses enfants que des fées et de leur pouvoir, elle se mit à crier et à pleurer de toutes ses forces.

Le roi, qui l’entendit, accourut, suivi de son sénéchal, et voulut en savoir la cause ; mais la douleur de Gillette était si forte, qu’elle ne put lui répondre que par ce mot :

« Les hannetons… les demoiselles… ah ! Sire, on enlève nos enfants ! »

Le roi, qui ne fit attention qu’à ces dernières paroles, quitta brusquement Gillette, et ordonna à Caboche de prendre dans son antichambre deux mousquetons (car il y en avait toujours une demi-douzaine, en attendant qu’il eût des gardes). Puis traversant son potager royal, il gagna la campagne, dans le dessein de poursuivre et de tuer les ravisseurs.

Il y avait environ une heure qu’il était parti, et la reine, dont les larmes étaient épuisées, ne donnait plus que des soupirs à la perte de ses enfants, lorsqu’elle entendit quelque chose bourdonner autour d’elle, et vit tomber à ses pieds un papier plié en carré ; elle le ramassa aussitôt, l’ouvrit précipitamment et y lut ces mots :

« Calmez votre impatience, ma chère Gillette, et souvenez-vous que de la confiance et de la discrétion dépend votre bonheur ; vous l’avez commencé par votre exactitude à me donner des gâteaux et des fromages, et ma reconnaissance fera le reste ; mais soyez toujours convaincue que tout vient à point à qui peut attendre, et qu’après cela vous devez tout espérer de votre amie la Fée des champs. »

Ce billet, joint à sa confiance au pouvoir des fées, acheva