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ils furent plus avancés en âge et qu’il fallut leur donner des aliments plus solides, ils en firent une si grande consommation, que les revenus du roi se trouvèrent considérablement diminués ; d’ailleurs, comme les princes n’avaient perdu par leur première nourriture qu’une partie de leur vivacité et que les princesses en avaient acquis une nouvelle, c’était toute la journée un carillon et des disputes effroyables. On se chamaillait, on se tiraillait et on usait des hardes tant et tant, qu’on avait peine à y suffire. Il n’y avait que le petit Cadichon qui fût doux et obéissant ; aussi ses frères et sœurs lui faisaient toujours quelque niche.

Le roi disait souvent à la reine :

« Vos trois filles grandissent furieusement et, par mon sceptre ! je ne sais trop ce que j’en ferai ; car pour mes garçons, je leur donnerai les baux de mes fermes, et le gain qu’ils en tireront sera pour eux : mais pour vos filles, cela est différent. »

À quoi la reine répondait :

« Sire, donnons-nous patience, car tout vient à point à qui peut attendre. »

Tandis que le roi Pétaud s’inquiétait et que la reine Gillette se tranquillisait, leurs enfants parvinrent à l’âge de sept ans. Chacun de ceux qui composaient leur cour donnait déjà son avis ou plutôt sa décision pour l’établissement des princes et princesses, lorsqu’un matin la reine, venant de pétrir son petit gâteau, aperçut sur la table une jolie petite souris bleue, qui rongeait la pâte. Son premier mouvement fut de la chasser, mais un sentiment involontaire l’en empêcha : elle la considéra attentivement, et fut fort surprise de la voir se saisir du petit gâteau et l’emporter dans la cheminée. Sa