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perte et se trouva prise elle-même, car il lui fut impossible de s’en retourner ; elle n’avait qu’une volonté impuissante. Elle reconnut sa faute, et tout ce qu’elle put faire fut de tendre les bras pitoyablement à ses frères et à sa sœur. Mirtis se mit à pleurer, et Finfin, sans hésiter, courut à elle.

« Je veux me perdre avec vous, » s’écria-t-il ; et dans un moment il l’eut jointe.

Mirtis voulut les aller trouver, le beau prince la retint :

« Allons avertir, madame Tu-tu, lui dit-il, c’est le plus grand secours que nous puissions leur donner. »

En même temps, ils virent les gens du méchant roi qui les prirent : tout ce qu’ils purent faire, de part et d’autre, fut de se crier adieu.

Le roi avait fait mettre là ce bel oiseau par ses chasseurs pour servir de piège à ces bergers ; il s’était bien attendu à l’aventure qui arriva. On mena Lirette et Finfin devant ce cruel prince, il leur dit mille injures et les fit enfermer dans une obscure et forte prison : ce fut alors qu’ils regrettèrent bien que leur petite cerise et leur petite amande n’eussent plus de vertu. Le faon et la perdrix les furent trouver ; mais le faon, ne pouvant les voir, jeta quelques larmes de douleur, et, voyant que le roi commandait qu’on le prît et qu’on l’écorchât tout vif, il se sauva à la course vers Mirtis : la perdrix fut plus heureuse ; elle les voyait tous les jours à travers la grille de leur prison ; par bonheur, le mauvais roi ne s’était pas avisé de les faire séparer. Quand on s’aime, c’est un plaisir de souffrir ensemble. La perdrix revolait tous les jours et allait dire de leurs nouvelles à madame Tu-tu, à la bonne femme et à Mirtis. Mirtis était très affligée et, sans le beau prince, elle aurait été inconsolable. Elle se résolut d’écrire