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qua madame Tu-tu, que vous ne devez rien craindre ; je réponds de leur sagesse : je vais vous éclaircir de leur destin. »

Elle lui apprit que Finfin était fils du méchant roi, et frère du prince ; que Mirtis et Lirette étaient sœurs et filles du défunt roi qu’il avait fait mourir, frère de la reine sa femme et que ce cruel roi avait épousée, qu’ainsi ils étaient fort proches parents ; que ce méchant roi, étant monté sur le trône, après avoir commis mille horreurs, les voulut combler en faisant mourir ces deux petites princesses ; que la veuve fit tout ce qu’elle put pour l’en empêcher, et que n’y pouvant réussir, elle l’avait appelée à son secours ; qu’alors elle avait dit à la reine qu’elle les sauverait, mais qu’elle ne le pouvait faire à moins qu’elle ne prît aussi son fils aîné, qu’elle lui répondait qu’elle le revenait un jour heureux ; qu’à ces conditions la reine avait consenti à une séparation qui lui paraissait d’abord dure ; qu’elle les avait tous trois enlevés et les avait voulu confier à ses soins comme à la personne la plus digne d’un tel emploi. Après cela, la fée la pria de se mettre en repos, l’assurant que l’union de ces jeunes princes rendrait la paix à tout le royaume, où Finfin régnerait avec Lisette.

La bonne femme écouta tout ce discours avec une grande admiration, mais ce ne fut pas sans laisser tomber quelques larmes. Madame Tu-tu en fut surprise, et en demanda le sujet.

« Hélas ! dit-elle, je crois qu’ils vont perdre leur innocence par cette grandeur à laquelle ils vont être élevés, et qu’une fortune si éclatante va corrompre toute leur vertu.

— Non, reprit la fée, ne craignez point un si grand mal-