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tendant la main, venez avec nous dans la maison des roses. »

Comme elle croyait Finfin son frère, elle pensait que tout ce qui était joli comme lui le devait être aussi.

Le jeune prince ne se fit pas prier pour la suivre. Finfin chargea le dos de son faon de la chasse qu’il avait faite, et le beau prince porta l’arc et la trousse de Mirtis.

En cet état, ils arrivèrent à la maison des roses. Lirette fut au-devant d’eux ; elle fit un accueil riant au prince, et se tournant vers Mirtis : « Je suis bien aise, lui dit-elle, que vous ayez fait une si belle chasse. » Ils furent tous ensemble trouver la bonne femme, à qui le prince fit savoir sa naissance. Elle eut grand soin d’un hôte si illustre, elle lui donna un beau logement.

Il demeura ainsi deux ou trois jours avec elle, et ce fut assez pour achever de s’enflammer pour Mirtis, selon que Finfin l’avait demandé à sa petite amande.

Cependant les gens du prince avaient été bien étonnés de ne le point voir. Ils avaient trouvé son cheval, et ils craignaient que quelque accident funeste ne lui fût arrivé. On le cherchait partout, et le méchant roi qui était son père était dans une grande fureur de ce qu’on ne le trouvait point. La reine sa mère, qui était vertueuse, et sœur du roi qu’il avait fait cruellement mourir, était dans une douleur inconcevable de la perte de son fils.

Dans son extrême affliction, elle envoya chercher secrètement madame Tu-tu, qui était son ancienne amie, mais qu’il y avait longtemps qu’elle n’avait vue, parce que le roi la haïssait, et lui avait fait de sanglantes pièces en une personne aimée. Madame Tu-tu se rendit, sans qu’on l’aperçût,