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sont si égaux en tout, qu’ils sont assurément formés d’un même sang. Si la chose est, cette amitié serait très dangereuse ; s’ils ne se sont rien, je puis la rendre légitime en les mariant, et ils m’aiment tant, les uns et les autres, que cette union ferait la joie et le repos de mes jours. »

Dans l’ignorance où elle était, elle avait défendu à Lirette, qui était déjà un peu grande, de se trouver jamais seule avec Finfin, et elle avait ordonné à Mirtis d’être toujours avec eux. Lirette lui obéissait avec une entière soumission, et Mirtis faisait aussi ce qu’elle lui avait recommandé. Elle avait entendu parler d’une habile fée ; elle résolut de l’aller trouver pour s’éclaircir du sort de ces enfants.

Un jour que Lirette avait une légère incommodité, Mirtis et Finfin allèrent à la chasse : la bonne femme vit que cette occasion était commode pour aller trouver madame Tu-tu ; la fée s’appelait ainsi. Elle laissa donc Lirette à la maison des roses, et comme elle avançait son chemin, elle rencontra le faon de lirette, qui allait vers la forêt, et elle vit en même temps la perdrix de Finfin qui en revenait. Ils se joignirent tous deux près d’elle. Ce ne fut pas sans étonnement qu’elle leur vit à chacun un petit ruban au col avec un papier. Elle appela la perdrix, qui vola à elle, et lui prenant le papier, elle y trouva ces vers :


BILLET.


Volez, chère perdrix, allez trouver Lirette ;
Je meurs pour un moment que j’en suis séparé.
Peignez-lui mon ardeur et ma peine discrète.
Hélas ! je suis presque assuré
Qu’une passion si parfaite
Ne se fait point sentir à son cœur endurci.