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magnificence. Au milieu de chaque chambre, il y avait un rosier toujours fleuri dans un vase précieux ; et dans la première où l’on entra, on retrouva la perdrix de Finfin, qui vola sur son épaule, et qui lui fit cent caresses.

« N’y a-t-il qu’à souhaiter ? » dit Mirtis. Et prenant son cordon : « Petite azerole, poursuivit-elle, donnez-nous un jardin plus beau que le nôtre. »

À peine eut-elle achevé de parler, qu’il s’en présenta un devant leurs yeux d’une beauté extraordinaire, où tout ce qui se peut imaginer pour contenter tous les sens se trouvait dans la dernière perfection.

Ces jeunes enfants se mirent d’abord à courir dans les belles allées, dans les parterres et au bord des fontaines.

« Souhaitez quelque chose, mon frère, lui dit Lirette.

— Mais je ne désirerais, lui dit-il, que d’être aimé de vous autant que je vous aime.

— Oh ! lui répondit-elle, c’est à mon cœur à vous satisfaire, la chose ne saurait dépendre de votre amande.

— Hé bien, dit Finfin, amande, petite amande, je voudrais qu’il s’élevât près d’ici une grande forêt où le fils du roi vint chasser, et qu’il devînt amoureux de Mirtis.

— Que vous ai-je fait ? répondit cette belle fille, je ne veux point sortir de la vie innocente que nous menons.

— Vous avez raison, mon enfant, lui dit la bonne femme, et je reconnais votre sagesse à des sentiments si réglés : aussi bien on dit que ce roi est un cruel, un usurpateur, qui a fait mourir le véritable roi et toute sa famille ; peut-être que le fils ne sera pas meilleur que le père. »

Cependant la bonne femme était toute étonnée des souhaits étranges de ces miraculeux enfants ; elle ne savait que penser.