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fures, et plus qu’il n’en fallait pour mettre la bonne femme à son aise. Elle eut bientôt acheté un autre troupeau et se donna les commodités nécessaires pour nourrir son aimable famille. Elle leur faisait pour l’hiver des habits d’écorces d’arbres, et l’été ils étaient vêtus de toile de coton bien blanche. Tout petits qu’ils étaient, ils gardaient leur troupeau. Et pour cette fois leur troupeau leur fut fidèle ; il leur était plus docile et plus obéissant qu’à de grands chiens qu’ils avaient, et ces chiens étaient doux et flatteurs pour eux.

Ils croissaient à vue d’œil, et ils passaient leur vie dans une grande innocence ; ils aimaient la bonne femme, et ils s’aimaient infiniment tous trois.

Ils s’occupaient à garder leurs moutons, quelquefois ils pêchaient à la ligne, ils tendaient des rets pour prendre des oiseaux, ils travaillaient à un petit jardin qu’ils avaient et ils employaient leurs mains délicates à faire venir des fleurs.

Il y avait un rosier, que la jeune Lirette aimait fort ; elle l’arrosait souvent, elle en prenait beaucoup de soin ; elle ne trouvait rien de si beau que la rose, elle l’aimait sur toutes les fleurs. Il lui prit une fois envie d’entr’ouvrir un bouton, et elle s’occupait à en chercher le cœur, quand elle se piqua le doigt avec une épine. Cette blessure lui fut fort sensible, elle se mit à pleurer ; et le beau Finfin, qui ne la quittait guère, s’étant approché, pleura aussi de la douleur qu’elle ressentait. Il prit son petit doigt, le pressait, et en faisait sortir le sang tout doucement.

La bonne femme, qui vit leur alarme pour cette blessure, s’approcha d’eux ; et sachant ce qui l’avait causée :

« Quelle curiosité aussi, lui dit-elle. Pourquoi dépouiller cette fleur que vous aimez tant ?